"Vigoulet-Auzil, cité du cheval". C'est ainsi que Vigoulet – du latin petit village - est évoqué dans Wikipedia. Pour les habitants, les promeneurs et les visiteurs de cette petite commune, la présence quotidienne du cheval est toujours un bonheur unanime. Il n'est pas rare de croiser des cavaliers en promenade les soirs d'été et les dimanches matin sont fréquemment égayés par le bruit des sabots devant les maisons...
Neuf cents quarante habitants, trois Centres Équestres, environ 150 chevaux et poneys; une rue en l'honneur du fondateur de l'équitation moderne, Monsieur François Robichon de la Guérinière, un lotissement du même nom, un autre nommé Les Amazones ; et puis un restaurant au nom évocateur, l'Auberge du Tournebride : elle fut baptisée ainsi par le docteur vétérinaire Soulier, éleveur de Pur Sang Arabes et ami de Jean Cougul.
Les nouveaux arrivants et autres visiteurs découvriront avec surprise et sans doute avec plaisir, que le petit village où ils viennent de poser leurs valises - et peut-être leurs bottes - est connu et reconnu dans le milieu équestre de toute la région et audelà, particulièrement pour ses résultats équestres de haut niveau. Par ailleurs, chaque année il se court un «Prix de Vigoulet» à l'hippodrome de la Cépière ou à Pau.
Dès le début du 19ème siècle, La Jumenterie de Teynier produisait déjà des chevaux demi-sang pour l'Armée. Mais l'image, et la réputation de Vigoulet «village du Cheval», ont été forgées par la famille Cougul. Venu d'Ariège, Jean Cougul arrive en 1947 à Vigoulet qui n'était alors qu'un petit village, cerné de terres consacrées à l'agriculture. Il acquiert le Château de Vigoulet, la propriété de Teynier, bordée de bois et de terres agricoles. Il va en 30 ou 40 ans développer et organiser la commune autour du cheval : élevage de renommée, club hippique, compétitions, restaurant gastronomique, et la faire connaître bien au delà de la notoriété locale.
L'élevage de Teynier
Issu d'une famille d'éleveurs, il est à son tour éleveur d'Anglo-arabes et de Mérens. Administrateur de FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles), il sera aussi Maire de Vigoulet pendant 30 ans. L'élevage acquiert une solide réputation et l'on y croise régulièrement des associations d'acheteurs américains qui souhaitaient renouveler leurs races. Ses relations avec des éleveurs américains le convainquent de l'intérêt du pur-sang Arabe comme cheval de loisir, de sport ou d'endurance.
"Entre 1970 et 1975, à l'époque où l'élevage du cheval arabe se répartit entre quelques éleveurs, Jean Cougul découvre cette race par l'intermédiaire de son ami, le Dr vétérinaire Soulier. Possédant déjà des Anglo-arabe ainsi que des Merens, il crée la Jumenterie de Teynier aux portes de Toulouse. Pendant une quinzaine d'années, Jean Cougul va y faire naître d'excellents chevaux arabes servant encore de référence" (Les Cahiers du Cheval Arabe, N°6, Octobre- Novembre 2003).
En 1972, avec l'aide de son ami Jean-Baptiste Doumeng, le «milliardaire rouge», Jean Cougul s'apprête à se rendre à Tersk dans le Caucase, au Haras de Peitigorsk pour les premières ventes de chevaux arabes. Malade, il est remplacé par deux de ses fils, Pierre et Jacques. Ils y font entre autres l'acquisition d'un poulain de deux ans et demi. Persik vécut deux ans à Vigoulet puis fut placé dans le Parc National des Cévennes pour saillir des juments de Merens en liberté qui seront ensuite présentées tous les ans avec leur poulain au Concours de Modèles à Pompadour. Il devient un cheval de légende dont les produits sont reconnus au meilleur niveau de l'endurance. La jument Solanka fut Championne de France et d'Europe. Elle fut achetée par une Anglaise et termina ses jours dans un haras en Angleterre.
Des acheteurs viennent jusque depuis les pays Arabes voir les produits de Persik lors de présentations et les ventes de chevaux. En 2000, Persik sera sacré "Meilleur reproducteur au Monde de Chevaux d'Endurance".
L'histoire du Club Hippique de Vigoulet
Dans le même temps, Jean Cougul aménage les dépendances de Teynier, dans la ferme de Bordeneuve, pour créer le Centre Équestre de Vigoulet, avec ses Anglo-Arabes et Arabe-Barbe. Lors des dissolutions de régiments de Spahis dans les années 60, ces Arabe-Barbe étaient cédés par le biais des haras de Tarbes contre des sommes modiques et favorisaient l'enseignement de l'équitation du fait de leur tempérament calme et docile. La carrière est à l'époque à l'emplacement de l'actuelle piscine, et les écuries se situaient dans les bâtiments entre le restaurant du Tournebride et le Club Hippique. Le manège sera construit plus tard, ainsi que les écuries de propriétaire. Les prairies des Cougul permettent d'alimenter le centre en fourrage.
En 1969, le troisième fils de Jean Cougul, Pierre reprend le Club Hippique. Instructeur d'équitation à Saumur, homme de cheval accompli, cavalier de complet de haut niveau, il enchaine les compétitions à Fontainebleau, Saumur, Pompadour... Auprès de lui et pendant ses absences, Jean Sourisseau également instructeur diplomé de Saumur. De nombreux jeunes cavaliers, de Vigoulet en particulier,seront formés par Pierre Cougul, parmi lesquels Vincent Berthet (Champion de France Junior de Concours Complet) et Roland Izern (qui reprendra plus tard la Jumenterie de Teynier) qui se distingueront par leurs qualités en CSO et en Complet. Vincent Berthet fût membre de l'équipe de France avec Koris Vieules lui aussi élève de P.Cougul.
Le Club accueille des cavaliers des 4 coins de France. Tous les ans a lieu au Club Hippique un concours CSO Amateur et Pro. Les passionnés se rendent à Vigoulet pour voir les meilleurs cavaliers de la région s'affronter sur le Prix Jean Cougul et autres épreuves sur plus de 1,20 m. On y croise par exemple Dominique Bentejac, cavalier de niveau international en Complet. Ces épreuves réunissaient parfois jusqu'à 300 cavaliers, se déroulaient sur plusieurs jours et nécessitaient une lourde logistique. Les plaques qui ornent le mur face au manège du Club Hippique attestent des succès remportés pendant ces années...
Les spectateurs et les cavaliers se rendaient parfois au restaurant voisin, l'Auberge du Tournebride dans lequel officiait le chef Nony, dont les qualités de cuisinier ont été récompensées au Michelin dans les années 1980.
Le poney club est créé, initialement pour les chevaux de propriétaires. Il deviendra plus tard une structure dédiée aux poneys, sous la direction de Françoise Cougul. Il est à présent une structure totalement indépendante dirigée par Patrice Ramos.
En 1981, grâce à l'opiniâtreté de Jean Cougul alors maire de Vigoulet d'Auzil, a lieu la "Parade du Cheval" à l'hippodrome de La Cépière . Le Club hippique fournira la plus grande partie de l'assistance bénévole. La réussite du concours de 1981 fut instantanée.... Pierre Jonquières d'Oriola, médaillé d'Or Olympique et champion du monde participera au concours et lui donnera ses lettres de noblesse, ainsi que Dominique Bentejac, plusieurs fois sélectionné pour les olympiades, Pierre Cougul et son élève Vincent Berthet, et Pierre Durand futur médaillé d'Or Olympique qui furent aussi de la fête.
Les éditions suivantes du CSO de Toulouse, de 82 à 84 seront transférées au Parc des Expositions de Toulouse. « Après celui de Bordeaux, le CSO de Toulouse fut le plus important de France, toutes catégories confondues (d'après la revue « Information Hippique » de l'époque), par le nombre de spectateurs, par la qualité des cavaliers en présence, par la participation du Cadre Noir de Saumur et l'organisation de l'Audi Masters » (Source : Henri Daffos). Le CSO de Toulouse en 1984 sera remporté par ... Pierre Durand, sur Jappeloup, face à Hubert Bourdy.
Le Club Hippique de Vigoulet Auzil jouait un rôle majeur dans l'organisation de cet événement : le président en était le Général Marty (Maire de Vigoulet) et l'organisateur Henri Daffos, cavalier et ami de Pierre Cougul qui fréquentait le Club Hippique de Vigoulet.
Le Club Hippique de Vigoulet, sera repris en 2007 par Alain Fines, de retour dans la région après 20 ans passés au Musée Vivant du Cheval de Chantilly. Alain et Catherine Fines, diplômée des Beaux Arts, favorisent le développement d'une équitation classique, dans le respect du cheval, pour tous les âges. Les Fines reprennent au compte du club la fameuse devise du Général L'Hotte, « En avant, Calme et Droit », devenue la doctrine du Cadre Noir.
Les structures équestres de Vigoulet aujourd'hui
Bien qu'aujourd'hui indépendants, les trois centres équestres poursuivent leur développement et perpétuent l'aventure équestre de Vigoulet.
Le Club Hippique de Vigoulet, outre ses activités habituelles, se distingue également par ses spectacles équestres organisés et déroulés par l'équipe et les cavalier(e)s de tous âges.
Habitués des concours de Dressage, CSO et Complet depuis des années, les cavaliers de Vigoulet ont plus récemment découvert le TREC (Techniques de Randonnée Equestre de Compétition) avec Gaëlle Cadoret, monitrice et cavalière professionnelle, membre de l'équipe de France de TREC et championne de France 2010.
Des compétitions de niveau régional, national et même international sont organisées à Vigoulet et les équipes de TREC Junior formées par Gaëlle se classent respectivement 4ème et 5ème à Lamotte Beuvron en Catégorie Club Elite en 2013. En 2014, pour la1ère fois en catégorie Amateur, l'équipe monte sur le podium pour une médaille de Bronze en Championnat de France à Crosey-le-Petit.
La Jumenterie de Teynier, dirigée par Roland Izern, ancien élève de Pierre Cougul, forme des cavaliers de très bon niveau en CSO. «Rien ne prédestinait Roland Izern à devenir un professionnel de l'équitation, si ce n'est le fruit du hasard et peut être une histoire d'amour. Celle d'un village : Vigoulet - Auzil. À 10 ans, il s'installe avec ses parents dans la maison de Teynier et décide d'aller prendre des cours au club hippique, tout proche. C'est dans ce club, aux côtés de Pierre Cougul, instructeur et dirigeant que Roland Izern apprendra les rudiments de l'équitation mais également son futur métier. Il y passera son monitorat avant d'y donner à son tour leçons jusqu'en 1989, date où il transformera l'élevage de Teynier en écuries de propriétaires et de concours (...) Aujourd'hui, cette écurie, la Jumenterie de Teynier compte une quarantaine de chevaux. « J'y assure non seulement la formation des chevaux mais celles de leurspropriétaires, cavaliers de concours. Ma fierté, c'est d'avoir amené des jeunes et des moins jeunes à un bon niveau. Mon souhait n'est pas de former des compétiteurs mais des cavaliers qui aiment leurs chevaux et ont ainsi le plaisir de les faire progresser.» La Dépêche du Midi, 8 août 2003.
Le Poney-Club, est dirigé par Patrice Ramos, qui dispose d'un brevet d'éducateur sportif 1er degré (option Complet). Il forme des cavaliers et les emmène en compétition dans les différentes disciplines classiques (CSO, Dressage, Complet). Marlène Poujeau remporte en 2012 en CSO la médaille d'or aux Championnats de Lamotte Beuvron.
Depuis quelques années, il développe aussi l'équitation western, discipline encore peu représentée en France : barrel racing, reining. Il organise également régulièrement des animations Western.
En août 2014, il vient de remporter le championnat de France de l'AFEW à Chambéret (Association Française d'Equitation Western) avec Lauriane Cahuzac.
www.poneyclubdevigoulet.ffe.com
Les Quatre Fers de Vigoulet
Cette association, tout nouvellement créée, a pour objet d'organiser des évènements, activités et festivités, sur le thème du Cheval. Elle s'est donné 4 axes principaux de travail: Art & Culture, Sport Equestre, Loisirs & Découverte, Cheval & Société. L'association a aussi pour objectif de valoriser le patrimoine historique de Vigoulet et de faire rayonner l'image du village sur ce sujet.C'est donc tout naturellement que le tout premier projet que les adhérents de l'association souhaitent mettre en oeuvre, est de faire connaître ce passé proche et prestigieux et de promouvoir ainsi l'image et l'amour du cheval. Ainsi, nous invitons celles et ceux qui auraient gardé des archives telles que des photographies, des articles de journaux, des objets divers et autres souvenirs des principaux acteurs de Vigoulet et du Cheval, à venir les partager avec nous afin de reconstituer les empreintes de ce patrimoine.
Cet article a été élaboré par l'association « Les Quatre Fers de Vigoulet » avec le concours des personnalités du monde du cheval à Vigoulet. Remerciements : Alain et Catherine Fines, Jacques Cougul, Muriel et Jean-Luc Pelfort, Roland Izern, Patrice Ramos, Henri Daffos, et bien d'autres.